Portrait en buste du financier Samuel Bernard (Sancerre, 1651-Paris, 1739), image 1/3
Portrait en buste du financier Samuel Bernard (Sancerre, 1651-Paris, 1739), image 2/3
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Portrait en buste du financier Samuel Bernard (Sancerre, 1651-Paris, 1739)

Rigaud, Hyacinthe, entourage de
RFML.AG.2022.27.1, Recto
Département des Arts graphiques
Numéro d’inventaire
RFML.AG.2022.27.1, Recto
Collection
Département des Arts graphiques
Cabinet des dessins
Fonds des dessins et miniatures
Artiste / Auteur / Ecole / Centre artistique
Rigaud, Hyacinthe (1659-1743), entourage de
Ecole française

description

Dénomination / Titre
Portrait en buste du financier Samuel Bernard (Sancerre, 1651-Paris, 1739)
Description / Décor
Commentaire :
La miniature était considérée dans la famille de la donatrice comme une œuvre de Hyacinthe Rigaud figurant le poète et fabuliste Jean de La Fontaine (1621-1695). Il faut en fait y reconnaître le financier Samuel Bernard (1651-1739). Enrichi grâce au commerce de maître mercier grossier de draps d'or, d'argent et de soie de Paris, puis de marchand banquier, Samuel Bernard sut rapidement développer un précieux réseau de marchands, manufacturiers, dignitaires ou princes protestants du nord de l'Europe qui lui permit de bénéficier d'un important crédit personnel et le conduisit à prêter de très importantes sommes à Louis XIV. Sa fortune personnelle devint dès lors considérable et lui permit d'être anobli en 1699 et d'acquérir la baronnie de Rieux en Languedoc en 1707. Les lourdes pertes qu'il eut à subir en 1709 ne parvinrent pas à entamer son crédit, « par toute l'Europe jusqu'à sa mort » écrivait Saint-Simon. Peu avant sa mort en 1739, Samuel Bernard acquit même la charge de conseiller d'Etat. Peu avant 1726, il avait sollicité Hyacinthe Rigaud afin d'obtenir un portrait en pied au-devant d'une marine, œuvre de grandes dimensions entièrement de la main du maître pour laquelle il déboursa la somme extraordinaire de 7 200 livres. Aujourd'hui conservée au château de Versailles (inv. MV 7172), la toile monumentale met magnifiquement en scène le financier âgé de 75 ans et fut rapidement reconnue comme une œuvre majeure. Ainsi, en 1752, dans la réédition de sa Description de la Ville de Paris, Germain Brice prenait soin d'en mentionner la présence dans le « Sallon en manière de galerie » de l'hôtel particulier du banquier, rue Notre-Dame des Victoires. Le 19 novembre 1727, l'avocat au Parlement de Paris, Mathieu Marais, en faisait également mention dans une lettre au président Bouhier : « Rigaud a fait un portrait merveilleux de M. Bernard père, c'est un chef-d'œuvre de l'art ; le Coustou en a fait un buste de marbre, autre chef-d'œuvre de son art, et le tout bien payé ». De manière bien naturelle, la composition donna lieu à des copies dessinées (deux citées dans le livre de raison de Rigaud à la date de 1726) et elle fut aussi gravée par Pierre-Imbert Drevet en 1729 dans le même sens, et par François Chéreau, également en 1729. Le livre de raison ne fait en revanche mention d'aucune miniature. Cela ne signifie pas pour autant que l'artiste ne fut pas appelé à en livrer. Rigaud semble en effet avoir pratiqué cet art et s'y être intéressé, surtout dans les années 1720-1730. Dans une lettre du 17 mai 1724, il dissuade ainsi Gaspard de Gueidan de faire reproduire son portrait en émail, pour le faire servir à l'ornement d'un joyau, « l'émail étant fragile et sujet à se briser si on le laisse tomber », ainsi que sa femme en avait eu l'expérience. L'émail, ajoutait Rigaud, avait aussi le désavantage de se rayer aisément. Il était possible de « parer à ce dernier inconvénient en appliquant par-dessus un cristal », mais on ne distinguait plus dès lors si la technique était celle de l'émail ou de la miniature, c'est-à-dire de la gouache et aquarelle sur ivoire, papier ou vélin. Tout bien considéré, Rigaud conseillait à Gaspart de Gueidan de privilégier une miniature dont le coût ne serait que de cinq pistoles alors qu'un émail reviendrait à quatre ou cinq-cents livres. En 1729, Rigaud faisait également recopier le « Traité de mignature pour apprendre aisément à peindre sans maistre, avec le secret de faire les plus belles couleurs, l'or bruny et l'or coquille », ouvrage paru en 1672 et attribué à Claude Boutet. Dans ses testaments, le maître fait également mention de son portrait peint en émail que sa femme portait au bras et en fait promesse à l'épouse de Jean Ranc. Malgré ces quelques citations, comme celles de miniatures de la main du maître signalées dès le XVIIIème siècle, aucun témoignage de cet art ne subsiste aujourd'hui. Les portraits en miniature, dont un autoportrait vendu à Paris en 2000 (6,5 x 5,3 cm.) et un portrait d'homme âgé vendu à Paris en 2022 (9,5 x 7,8 cm.), sont en fait des œuvres de très petites dimensions peintes à l'huile du bout du pinceau sur toile de lin ou sur papier. Aucune miniature à la gouache et à l'aquarelle ne permet une comparaison avec celle figurant Samuel Bernard. Les œuvres connues figurant des portraits peints par Rigaud sont dus à d'autres maîtres, tels Charles Boit (1662-1727) ou Jacques-Antoine Arlaud (1668-1743), dont le métier est différent. Celle figurant Samuel Bernard est d'un travail particulièrement soigné, avec une manière particulière de modeler la carnation du visage à l'aide de traits de bleu clair ou de vert finement tracés. La miniature ne présente pas de variantes avec le tableau peint à l'huile, si ce n'est que la perruque est traitée avec moins d'ampleur. En attendant que réapparaisse une miniature autographe par Hyacinthe Rigaud, il convient à notre sens de rester prudent quant à l'attribution. L'œuvre peut être de la main de Rigaud, de celle de l'un de ses assistants dont il n'est plus nécessaire de souligner la grande part qu'ils prirent dans l'exécution des portraits du maître, ou bien encore d'un autre miniaturiste sollicité par Samuel Bernard ou l'un de ses proches pour disposer d'une image de petites dimensions destinée à être portée en bijou. Xavier Salmon, septembre 2022.

Xavier Salmon, "Acquisitions/En bref. Une miniature représentant Samuel Bernard", dans 'Grande Galerie. Le Journal du Louvre', Hiver 2022, n°61, p. 20 (repr.).

Caractéristiques matérielles

Dimensions
H. 0,03 m ; L. 0,025 m
Matière et technique
Gouache et aquarelle sur papier. Or et nacre pour la monture. Bronze pour la broche. Pas de poinçons visibles.
Forme
ovale

Données historiques

Historique de l'œuvre
Collection de Samuel Bernard ? - Mme Germaine Gaschet, née Pochon ; puis à sa fille Mme Marguerite Blondet, née Gaschet ; puis à sa fille depuis 2004, Mme Sylvie Fitzpatrick, don en hommage à sa mère Mme Marguerite Blondet-Gaschet. Commission des acquisitions du 14 septembre 2022. Décision du 14 septembre 2022.
Détenteur précédent / commanditaire / dédicataire
Dernière provenance : Fitzpatrick, Sylvie
Mode d’acquisition
don
Date d’acquisition
2022

Localisation de l'œuvre

Emplacement actuel
Réserve des miniatures, armoire 6

L'œuvre est visible sur rendez-vous en salle de consultation des Arts graphiques.
Dernière mise à jour le 04.10.2023
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